Je jetais un coup d’œil sur ma montre et était soulagé de constater qu'il était déjà seize heures. J'avais passé une journée bien remplie et très stressante. Je bossais sur une affaire d'un meurtre assez violent non élucidé depuis des mois. J'avais l'impression que plus le temps passait, plus on faisait marche arrière... Lorsque seize heures trente sonnait, je quittais le poste de police assez vite pour prendre une douche chez moi: j'en avais grandement besoin. J'avais, quelques jours plus tôt, reçu un appel de l’hôpital qui m'avait annoncé qu' Abbadon Winchester était sortie de la clinique. A cette nouvelle, j'étais à la fois stressé et rassuré.

Sous la douche je songeais à cette horrible journée où j'ai sauvé Abbadon des griffes d'un psychopathe et violeur... Le genre de type à enfermer direct! Ce type tenait Abbadon Winchester en otage... J'avais ce sale type dans mon angle de tir mais pour l'atteindre, j'avais dû tirer sur la pauvre mademoiselle Winchester. Le sale type était envoyé en prison... mais Abbadon tombait dans le coma! J'avais passé les quatre mois les plus horribles de ma vie. Je passais à l’hôpital tous les jours pour prendre des nouvelles de la jolie Abbadon et j'avais été très soulagé d'apprendre son réveil, il y a quelques semaines! Aujourd'hui, Abbadon Winchester était sortie de l’hôpital et j'avais réussi à trouver l'adresse de la jeune femme: elle vivait sur le campus de l'université de Bruxelles.

Une fois lavé et habillé, je montais dans mon véhicule et roulait en direction de l'université. En chemin, je m'arrêtais chez un fleuriste et achetais un bouquet de fleurs. J'avais peux être l'air ridicule comme cela, avec mon bouquet de fleurs, mais j'espérais que mademoiselle Winchester me pardonne de lui avoir tiré dessus... Une fois devant le campus, je n'avais aucun mal à y entrer. Des jeunes filles de regardaient passer, d'autres me saluaient. Pour ma part, je me contentais d'afficher un petit sourire et de hocher la tête. Devant la porte de la chambre d'Abbadon, mon cœur s’accélérait. Comment allait-elle réagir en me voyant?! Je prenais mon courage à deux mains et cognais doucement sur la porte.

 J'avais le cœur qui battait de plus en plus vite. Pour être tout à fait franc, j'appréhendais la réaction d'Abbadon. Allait-elle me claquer la porte au nez? Allait-elle m'insulter? Allait-elle apprécier ma visite? Je n'avais pas eu de retours sur le fait que je venais régulièrement la voir lorsqu'elle était encore dans le coma. Mademoiselle Wincheter ouvrait la porte quelques petites minutes plus tard. J'étais captivé par son regard et je tentais de déceler une quelconque réaction de sa part. Abbadon me faisait signe d'entrer, je m'avançais dans la chambre avant de lui tendre le bouquet de fleurs. «Bonsoir, désolé de débarquer sans prévenir... J'ai appris que vous étiez sortie de l’hôpital... » J'étais encore confus et assez gêné de me présenter comme cela devant Abbadon. Ce n'était pas du tout mon genre d'être ainsi. D'habitude je n'aurais pas agit de la sorte, je me serais convaincu que ce que j'avais fait, c'était pour attraper ce fumier et que je n'avais pas le choix si je voulais sauver la demoiselle... mais j'avais développé un sentiment de culpabilité et de protection envers Abbadon Winchester. Je me raclais la gorge. « Et comment allez-vous? Je veillais à votre chevet quand vous étiez à l’hôpital... Je me faisais beaucoup de soucis pour vous... » A quoi bon mentir de toute façon? Cela ne servait à rien que je fasse le fier, je préférais être honnête et juste envers elle, qui avait vécue les pires souffrances. J'avais très envie de la prendre dans mes bras, la rassurer, lui dire qu'elle n'était pas seule et que si cette horrible journée était à vivre de nouveau, je changerais complètement les choses... J'aurais peux être trouvé une autre solution afin de ne pas blesser la jolie brune... mais le mal était fait et j'espérais qu'Abbadon me pardonne.

 Elle semblait sincère et heureuse de me voir ce soir, en cette heure. J'avais passé la moitié de la soirée à me demander si je devais réellement venir la voir ce soir. J'avais peur de la déranger, de lui faire peur mais également peur de lui faire remonter de mauvais souvenirs à la surface. Elle acceptait mes fleurs avec plaisir et le faisait entrer dans sa petite chambre d'étudiante. Je regardais autour de moi: l'endroit était petit mais bien aménagé. Abbadon parlait, assise sur le lit, en face de moi. Je l'écoutais attentivement et ne pouvais m’empêcher de songer à ce qu'elle a pu vivre ce jour là... Une abomination. J'affichais un petit sourire lorsqu'elle finissait sa phrase car je venais d'avoir une idée. «Et bien, si ça vous tente, on pourrait aller boire un verre à l'extérieur, qu'est-ce que vous en pensez? ». Cette proposition me paraissait agréable, ce serait l'occasion de pouvoir discuter un peu plus avec Abbadon mais aussi pour permettre à la jolie demoiselle de se changer les esprits. Je restais planté là, attendant la réponse de la jolie brune, un léger sourire aux lèvres.